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Féminicide

22 ème féminicide en Suisse en 2023

Une fois de plus, nous sommes en pensée avec les proches de la victime et leur souhaitons beaucoup de force et de courage.
Le seul article de presse qui en parle n’emploie pas le mot « féminicide ». Sans l’excellent projet de recherche (totalement bénévole) stopfemizid.ch, nous n’aurions pas été au courant de ce meurtre. Il est extrêmement important que la police et les médias commencent à utiliser systématiquement le terme « féminicide ». De plus, il faut un registre national financé par l’État qui recense tous les féminicides.
Le terme féminicide, qui a été popularisé en Amérique latine, pour désigner des meurtres – souvent extrêmement brutaux et caractérisés par une volonté d’anéantir toute trace de l’autre personne – de femmes et de personnes trans basés notamment sur un sentiment de droit légitime à disposer de ses corps féminins et trans. La syllabe « ni » dans féminicide a été utilisé en premier par l’anthropologue Marcela Lagarde afin de signifier l’importance de prendre en compte des structures de pouvoir sociales et la co-responsabilité étatique en ce qui concerne ces meurtres.
L’État et la société suisses sont encore basé sur le modèle patriarcal de la famille hétérosexuelle nucléaire, dans laquelle l’homme en tant que père de famille est le responsable et en même temps le dirigeant de sa famille. C’est exactement cette compréhension du rôle social de l’homme qui est à la base de tout féminicide. Tant que nous ne changerons pas profondément l’État et la société en sortant de ce modèle patriarcal, les féminicides continueront.
Pour commencer, disons-le : féminicide. Pour souligner précisément ce lien entre l’État, la société et ces meurtres. Pour qu’il n’y ait plus aucun féminicide de plus !

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Féminicide

21 ème féminicide en Suisse en 2023

Le 11 novembre, un double assassinat a eu lieu à Sion. Une femme est morte, tuée par un homme qui lui a tiré dessus dans la rue.

Plusieurs journaux rapportent que le tueur la harcelait et qu’une plainte avait été déposée avant d’être classée. Lors de sa conférence de presse, le Ministère public explique qu’il ne s’agit pas d’un féminicide en raison de l’absence d’une relation intime entre la victime et l’auteur. Les féminicides sont des meurtres dont le motif est le genre et qui sont rendus possibles par le fait que les institutions entretiennent l’impunité face aux violences patriarcales. Réduire les féminicides à la sphère intime dissimule l’ampleur du problème ainsi que la responsabilité de l’Etat.

De la même façon, parler de l’auteur comme d’un fou ou un psychopathe nie la responsabilité de tout un système de discriminations et de domination dont les féminicides sont la manifestation la plus brutale.

Après le féminicide de Guilia en Italie, sa sœur s’est exprimée ainsi : « Ne faites pas une minute de silence pour Guilia, brûlez tout car ce qu’il faut c’est un changement fondamental de la société ».

Au nom de la femme tuée à Sion et de toutes les autres, on va continuer de lutter pour détruire le patriarcat et construire sur ses braises une société féministe et solidaire.

On envoie toutes nos pensées et beaucoup de force à ses proches et on est à disposition si vous souhaitez nous contacter.

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Action Communiqué Féminicide

Justice pour Jamilia!

Lundi 29 novembre se terminait le procès du féminicide dans le centre d’hébergement collectif à Büren an der Aare. Nous avons assisté au procès au cours duquel le mari de Jamilia a été condamné à 20 ans de prison pour meurtre.

Nous sommes choquéexs qu’aucune mention n’aie été faite concernant la co-responsabilité des responsables du camp d’hébergement et du système d’asile dans sa totalité. Par ailleurs aucune demande n’a été émise quant à la mise en place de mesures de préventions contre la violence patriarcale dans les centres d’hébergements pour personnes migrantes.

Nous dénonçons aussi le fait que la violence est présentée comme un problème individuel et “importé”. Les nombreuses personnes assassinées en Suisse chaque année qui ont auparavant alerté les autorités et tenté de chercher de l’aide – dont Jamilia – sont la preuve que l’État suisse et les organisations qui le représentent font partie du problème et que les féminicides sont bel et bien un phénomène suisse aussi. Nous déplorons également un procès empreint de sexisme où il a été estimé nécessaire de juger si Jamilia aurait eu un amant. Il a été établi qu’il s’agissait d’accusations mensongères du meurtrier mais cette question n’a aucune pertinence dans cette affaire si ce n’est de renverser la relation entre agresseur et victime. La juge a ensuite examiné la possibilité que le meurtre était un crime passionnel, en déclarant : «La question est de savoir si l’accusé est un tyran sanguinaire ou un mari éploré». Elle a finalement conclu qu’un crime passionnel est « caractérisé par une provocation de la part de la victime » et que ce n’était pas le cas ici. Le fait même qu’on puisse encore parler de meurtre passionnel, considérer qu’on pourrait tuer par amour et que cela constitue une circonstance atténuante est absolument scandaleux!

Il est urgent d’arrêter de renverser la culpabilité et de chercher une provocation de la part de la personne tuée. Cela a déjà causé suffisamment de mal. Rien ne justifie d’ôter la vie à quelqu’unex et d’ôter cette personne à ces proches !

Rendre justice à Jamilia et à toutes les autres victimes de féminicides c’est tout faire pour éviter qu’un seul autre féminicide ne puisse être commis!

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Communiqué Féminicide International

Un enfant sain du patriarcat

« Il n’est pas un monstre, il est un enfant sain du patriarcat, de la culture du viol. Le féminicide est un meurtre d’État, parce que l’État ne nous protège pas. »


Ce sont les mots de la sœur d’une femme tuée en Italie samedi passé. Elle les a prononcés face aux médias qui les ont relayés jusqu’en Suisse. Quelle belle et forte manière de garder haut le nom de ta sœur assassinée ! Nous sommes de tout cœur avec toi et tes proches.
Encore bien trop souvent, les médias et la société représentent les auteurs de violence patriarcale comme des gens sympas, normaux, tranquilles, polis… ou comme « un fils parfait », selon le père du tueur de samedi passé, dans le cerveau duquel « quelque chose a dû exploser ».


Tant que la violence patriarcale est présentée comme quelque chose de malade, d’anormal, de monstrueux et ces actes comme des événements extraordinaires et isolés, il semble qu’on ne peut rien faire contre et que personne n’en porte la responsabilité. Le contraire est vrai : cette violence est produite par un système (le patriarchat) et par une culture. Changeons ce système, changeons cette culture pour arrêter toute cette violence !!


Solidarité avec les proches de Giulia, solidarité avec les proches de toutexs les victimes de féminicides !

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Communiqué Féminicide

Let’s talk about Sex Work

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris qu’un féminicide, le 19ème cette année, avait eu lieu Richterswil le 11 novembre 2023. La victime était travailleuse du sexe et a été assassinée ce soir-là par un client dans un appartement.

Comme l’écrivent ProCore (Prostitution Collective Reflection) et la FiZ dans un rapport sur la violence dans le travail du sexe, toutes les travailleur-eusexs du sexe ne sont pas concernées par la violence – mais il s’agit d’un domaine ou la violence patriarcale et la précarité sont plus élevées que la moyenne. De nombreux-ses travailleur-eusexs du sexe font l’expérience de la dévalorisation, de la violence et de l’exploitation au quotidien et les assassinats dont réguliers.

Cette violence se fonde sur un rapport de genre hiérarchique et patriarcal, dans lequel la masculinité signifie exercer un pouvoir et un contrôle sur les femmes, les personnes féminisées et les persinnes queers. Les féminicides, comme celui de Richterswil, reposent sur des idées patriarcales selon lesquelles les hommes cis ont le droit de posséder les corps féminins et féminisés. Dans les cas de féminicides, l’auteur et la personne assassinée ne se connaissent pas forcément, comme c’est le cas pour certains féminicides commis sur des travailleuses du sexe.

Nous sommes incroyablement tristes et en colère. Nous pensons à la femme assassinée, à ses proches et à ses collègues de travail. Et nous continuons à nous battre pour un monde dans lequel toutes les femmes et tous les personnes queers pourront vivre librement et sans peur.
Pas un féminicide de plus!

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Féminicide

20ème féminicide en Suisse

Dimanche 24 septembre 2023, un nouveau féminicide s’est produit à Bienne. Deux hommes auraient fait tomber une femme du balcon d’un immeuble, ce qui a entraîné son décès. Elle était âgée de 47 ans. C’est déjà le 20e féminicide de l’année en Suisse dont nous avons connaissance. Cela nous rend incroyablement tristes et en colère. Nous pensons à toi, même si nous ne connaîtrons probablement jamais ton nom. Nous savons que, comme nous, tu avais plein de rêves et d’envies et que tu as été arrachée à la vie bien trop tôt. Nous continuerons à lutter pour qu’aucune d’entre nous n’ait plus jamais a subir de violences ou de mauvais traitements, pour que plus jamais un être humain ne soit assassiné par la violence patriarcale. Ni una menos!

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Féminicide

19ème féminicide en Suisse en 2023

« Féminicide après une dispute » dit la une des journaux, complètement impersonnelle. Nous savons plus sur l’agresseur et les circonstances de ta mort que sur toi qui es morte au petit matin du 11 novembre 2023 à Richterswil. Nous aurions voulu savoir plus sur toi, pas par goût de sensations ou par voyeurisme mais parce que tu n’es pas simplement un chiffre de plus dans la liste des féminicides en Suisse. Tu étais un être humain plein de vie, d’envies et de projets et tu manques certainement à tes proches. La violence patriarcale t’a arrachée beaucoup trop tôt de la vie et nous sommes de tout cœur avec tes proches. Nous n’oublierons pas ta mort, même quand les journaux n’en parleront plus. Nous nous souviendrons de toi !
19 féminicides depuis le début de l’année, dont nous sommes au courant. Toutes les 2.5 semaines, une femme est morte d’un féminicide. Malheureusement, nous n’avons pas d’informations sur la violence envers des personnes trans ou non-binaire et les travailleur-euses de sexe. Le chiffre serait probablement encore bien plus élevé ! Combien de victimes faut-il encore jusqu’à ce que la société se réveille et dit : pas une de plus, ni una menos ! Un féminicide n’est pas juste un fait divers, mais l’expression d’une violence systématique. Luttons ensemble et de manière solidaire pour qu’elle finisse enfin !

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Féminicide

18 féminicide

Le 20 octobre 2023, une femme de 30 ans originaire de Zürich a été assassinée en Inde par un homme avec qui elle avait une relation. Selon les médias indiens, il l’a tuée parce qu’elle refusait une relation à long terme avec lui. Il s’agit d’un nouveau féminicide sur une longue liste en 2023, qui révèle les violentes revendications patriarcales de propriété des hommes cis sur les femmes.

Nous nous souvenons de la femme décédée et envoyons à ses proches beaucoup de force en ces temps difficiles. Nous continuerons à nous battre en ton nom pour mettre fin à la violence patriarcale et aux droits de propriété des hommes.
Ni una menos!

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Féminicide

17ème féminicide en Suisse en 2023

Le 1er octobre, une femme de 30 ans a été victime d’un féminicide à Embrach dans le canton de Zurich.
Elle a été agressée par un homme qui l’a blessée si grièvement qu’elle est décédée à l’hôpital le soir même.
Les médias parlent d’une femme décédée suite à une dispute. Une dispute c’est deux points de vues qui s’opposent dans un rapport d’égalité. Quand par ses propos ou ses comportements, une personne veut contrôler et détruire une autre personne, quand il y a un rapport de domination c’est une agression. Écrire qu’une personne est décédée lors d’une dispute ça donne l’impression que les deux parties sont fautives.
Les féminicides ne sont pas des actes de violences isolés. Ils s’inscrivent dans ce qu’on appelle un continuum féminicidaire, l’ensemble des violences qui participent à l’objectification et l’anéantissement des femmes et de toutes les personnes sexisées.
On vit dans une société qui permet cette violence et elle nous concerne toutexs.
La jeune femme tuée à Embrach aurait pu être notre sœur, notre amie ou notre voisine. On pense à elle et on veut se souvenir d’elle. Continuer de lutter contre les féminicides et les violences patriarcales c’est notre façon d’honorer sa mémoire.

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Féminicide

16ème féminicide

Le 2 août, un homme venant de Suisse a poussé sa petite amie de 27 ans, María, du sixième étage d’un immeuble à Pristina lors d’une dispute. María et son petit ami vivaient en Suisse et s’étaient rendus au Kosovo pour assister à un marriage. Ce féminicide s’ajoute à une longue liste et nous rend infiniment tristes et en colère. Nos pensées vont à la famille et aux proches de María, qui décrivent également sa mort comme un féminicide. Nous vous envoyons de la force ! Vous êtes invité-es à nous contacter à tout moment si l’on peut vous aider pour quoi que ce soit.

Le féminicide de María n’a pas eu lieu en Suisse et n’apparaîtra donc probablement pas dans les statistiques sur les féminicides en Suisse. Nous le savons : la violence patriarcale ne connaît ni frontières ni nationalités. Et nous savons que notre combat contre la violence patriarce doit également dépasser les frontières nationales, car les régimes frontaliers militarisés, le nationalisme et l’isolement conduisent à encore plus de violence.

La médiatisation du meurtre de María alimente une fois de plus les valeurs patriarcales et une inversion des rôles auteur-victime. Par exemple, un article du Blick cite des personnes qui connaissaient l’aggresseur comme un homme gentil et qu’il serait donc impensable qu’il soit l’auteur d’un féminicide. Un tel regard dédramatise la violence patriarcale. En effet, une femme sur quatre est victime de violence domestique en Suisse. Toutes les deux semaines, une femme, une personne non binaire ou queer est assassinée.

Le fait que les hommes cis utilisent la violence physique et psychologique contre leurs partenaires n’a rien à voir avec la façon dont ils apparaissent devant les autres, devant leur famille, leur voisinage ou leurs collègues de travail. Les personnes qui exercent la violence patriarcale sont des maîtres de la manipulation et sont souvent charmantes pour le monde extérieur. Il est donc extrêmement important de ne pas remettre en question les témoignages de survivantes de violence patriarcale ! C’est indispensable si on veut commencer de mettre un terme ensemble à cette violence.

María, même si nous ne te connaissions pas, nous te pleurons et ne t’oublierons pas !

Agissons ensemble contre féminicides – pas unex de plus !