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Communiqué

Justice pour Kelly : mobilisation avant le procès du 18 novembre à Renens

COMMUNIQUÉ

Le 18 novembre 2025 s’ouvrira devant le Tribunal criminel de l’Ouest lausannois, à Renens, le procès du féminicide de Kelly, poignardée à mort en mai 2023 par son ex-compagnon, qu’elle venait de quitter. Kelly avait 23 ans.

Sa mère, Karin, témoignait dans la presse un an après son assassinat: «Il ne supportait pas qu’elle ait une vie en dehors de leur relation. »

Pendant trois ans, Kelly a subi l’emprise, l’isolement forcé et la violence d’un homme qui voulait la contrôler. Comme dans tant d’autres cas, le passage à l’acte meurtrier est survenu au moment où elle avait trouvé la force de partir.

Un féminicide parmi tant d’autres, un système défaillant

Le drame de Kelly n’est pas un fait isolé. Il s’inscrit dans un continuum de violences sexistes et sexuelles. Les formes de ces violences prennent des formes diverses; elles vont du contrôle coercitif aux violences physiques, jusqu’au meurtre.

En Suisse, les chiffres sont alarmants : l’année 2025 représente un record macabre et dramatique. À ce jour, 27 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint et on dénombre neuf autres tentatives de féminicides. Ces meurtres sont le reflet d’une violence systémique et des manquements criminels de l’action politique, dénoncés par les collectifs féministes depuis de nombreuses années. 

Un manque criant de moyens et de prévention

Malgré les alertes répétées, l’action publique en matière de prévention reste largement insuffisante. Les associations actives sur le terrain et les collectifs militants demandent depuis des années un plan d’action national doté de moyens conséquents — au moins 350 millions de francs — pour protéger les victimes et former les professionnel·les concernés ainsi que la pleine mise en œuvre de la Convention d’Istanbul, traité international adopté en 2011 et ratifié par la Suisse en 2017, qui exige des normes juridiques contraignantes, notamment dans les situations de violences exposant des enfants .

Mobilisation le 18 novembre à Renens

À l’ouverture du procès, un rassemblement organisé par le collectif de la Grève féministe Vaud et le groupe lausannois d’Offensive contre les féminicides  aura lieu devant le tribunal de Renens pour soutenir les proches de Kelly et exiger une vraie prise en charge politique des violences sexistes et sexuelles. 

Des meurtres  tels que celui de Kelly ne doivent plus avoir lieu ! 

Nous refusons que des femmes meurent faute d’écoute, de moyens et de volonté politique.

Nous appelons touxtes à se mobiliser : pour Kelly, pour toutes les victimes, pour celleux qui continuent à vivre dans une société sexiste et patriarcale, pour que cesse enfin cette violence.

Nous n’en pouvons plus de voir le nombre de féminicides augmenter sans réponse structurelle. Il est temps que l’État prenne ses responsabilités.

Contact

Offensive contre les féminicides

Contact: niunamenos@immerda.ch

insta: @offensiv_gegen_feminizide

078 205 50 11

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Communiqué

Mobilisation pour une survivante

Le 13 octobre dernier, nous étions mobiliséexs pour soutenir une survivante de violence patriarcale et dénoncer un procès bâillon. Elle a eu le courage de faire de son procès une tribune pour dénoncer les procès bâillons et de façon générales, les violences du système judiciaire contre les victimes. Elle a été acquitée et c’est une belle victoire qui aura un impact sur le traitement des cas similaires dans le futur.

Notre communiqué de presse:

Quand la victime devient l’accusée : les Collectifs Offensive contre les féminicides et Grève Féministe dénoncent la criminalisation de la parole des survivantes

Le 13 octobre 2025, le Collectif Offensive contre les féminicides ainsi que le collectif Grève Féministe Valais et Neuchâtel se sont rassemblés devant le tribunal de Martigny pour soutenir une survivante de violences conjugales et dénoncer une affaire valaisanne profondément choquante.

Cette femme a subi des violences répétées, jusqu’à être retrouvée dans un état tel que le collectif Offensive contre les féminicides y voit les marques d’une violence extrême qu’il considère comme une tentative de féminicide. Malgré les multiples signaux d’alerte et les interventions policières antérieures, aucune mesure efficace n’avait été prise pour la protéger.

Après ces faits, alors qu’elle avait eu le courage de porter plainte pour cette énième agression, elle a été amenée, à la demande de la police, à signaler d’autres comportements illicites de son agresseur. Deux ans plus tard, c’est pourtant elle qui se retrouve sur le banc des accusés, poursuivie pour dénonciation calomnieuse — pour avoir simplement répondu, lors de son audition policière, aux questions posées par les enquêteurs.

Pendant ce temps, son agresseur a été condamné à quelques mois de prison avec sursis et à une amende dérisoire, une peine sans commune mesure avec la gravité des faits. La survivante, elle, risque une peine bien plus lourde.

Ce renversement des responsabilités interroge profondément la justice et met en lumière un phénomène préoccupant : la multiplication des procès-bâillons, ces procédures intentées contre des victimes dans le but de les intimider, de les faire taire ou de les décourager d’agir.

Comme l’a exprimé la survivante à l’issue de son audience : « Aujourd’hui, c’est moi qu’on juge, pas lui, pas celui qui m’a frappée, insultée et terrorisée. C’est moi, la survivante. »

Ces procédures constituent une double peine : après avoir subi des violences, les victimes doivent encore affronter des démarches judiciaires longues, coûteuses et psychologiquement éprouvantes — au risque d’être elles-mêmes criminalisées. Elles donneraient également aux avocats un terrain de négociation, non connu des juges,  pour demander le retrait de la première plainte pour violence.

Les statistiques montrent à quel point le traitement judiciaire des violences patriarcales est inadéquat: en France, seules 14 % des victimes de violences conjugales portent plainte, et plus de 40 % des plaintes sont classées sans suite. En Suisse, moins de 10 % des plaintes déposées pour violences domestiques dans le canton de Vaud aboutissent à un procès. Le manque de suivi systématique et de coordination institutionnelle contribue à rendre invisibles des milliers de femmes victimes chaque année.
 

Lors de l’audience ce 13 octobre, nous avons été profondément choquées tout d’abord par les propos de l’avocat du plaignant, lui-même brillant par son absence, qui lors de son premier tour de débat, parle de son client comme de la “vraie victime ici”, rappelle que la première affaire n’est “pas grave”, mais qu’une dénonciation calomnieuse est très grave, et que la survivante “n’en est pas à son premier mensonge”, la traitant à plusieurs reprises de menteuse, qualifiant son comportement de haineux et honteux. On marche sur la tête.

Profondément choquées également par les paroles de la Juge suppléante qui, au moment de la prise de parole de la survivante, à la fin des débats, alors que cette dernière avait préparé un discours poignant sur son vécu dans cette affaire, a essayé à plusieurs reprises de la dissuader de le lire, craignant que celà soit trop long ou ne serve pas le cas présent. La survivante et son avocat ont dû insister. Cette pénible démonstration est un superbe exemple supplémentaire de la manière dont les victimes de violences conjugales sont constamment poussées au silence.

A l’issue des débats, justifiant le caractère compliqué de l’affaire, la Juge a décidé de rendre son verdict par écrit, quelques jours plus tard.

Le 20 octobre, nous apprenons son acquittement. C’est une victoire pour nous toutes dans le combat contre les violences patriarcales, et c’est un précédent. Nous espérons sincèrement que les stratégies pour nous faire taire s’étiolent petit à petit.

Les Collectifs Offensive contre les féminicides et Grève Féministe expriment leur solidarité totale envers cette survivante et envers toutes celles qui subissent ces formes d’intimidation judiciaire. Nous exigeons que les autorités valaisannes et les instances judiciaires suisses reconnaissent la gravité des violences sexistes et cessent de tolérer les stratégies de bâillon qui prolongent la souffrance des victimes.

Nous affirmons la légitimité de notre parole et réaffirmons notre engagement : tant que la justice restera sourde, nous continuerons à faire résonner nos voix.
 

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Communiqué

Violences policières et féminicides dans le canton de Vaud

Il s’appellait Marvin, il avait 17 ans, il a été tué le 23.08.2025.

Elle s’appellait Camila, elle avait 14 ans, elle a été tuée le 30.06.2025.

Il s’appellait Michael, il avait 39 ans, il a été tué le 25.05.2025.

Il s’appellait Nzoy, il avait 37 ans, il a été tué le 30.08.2021.

Il s’appellait Mike, il avait 39 ans, il a été tué le 28.02.2018.

Il s’appellait Lamin, il avait 23 ans, il a été tué le 24.10.2017.

Il s’appellait Hervé, il avait 27 ans, il a été tué le 06.11.2016.

Ils et elle sont été tué-es lors d’une intervention de la police vaudoise.

A cette longue liste, il faut ajouter également:

Eli, qui avait 43 ans le 19.03.2021 quand elle a été tuée a Bussigny par son compagnon, un policier de la ville de Lausanne.

Coralie, qui avait 40 ans, Alyssia qui avait 13 ans, Madyson qui avait 9 ans et Chelsey qui avait 5 ans quand elles ont été tuées le 09.03.2023 à Yverdon-les-Bains. Un féminicide et triple infanticide perpétré par l’ex-compagnon de Coralie qui avait été gendarme dans la police vaudoise avant de se reconvertir.

C’est la lutte des collectifs formés par des proches des personnes tuées et de leurs allié.es qui a permis de révéler au grand public un racisme et un sexisme généralisé dans la police vaudoise.

Même si les autorités  ne veulent documenter ni les féminicides ni les violences policières, leur lien parait évident.

Plusieurs cas médiatisés ces dernières années ont marqué les esprits en exposant les violences sexistes exercées par des policiers dans leur travail ainsi que dans leur vie privée. On peut citer le cas de Chahinez Daoud, tuée en France par son conjoint en 2021 dont la plainte avait été reçue par un policier lui-même condamné pour violences conjugales.

A Londres, le féminicide de Sarah Everard, violée puis tuée par un policier a donné lieu a d’énormes manifestations qui ont forcé les autorités a enquêter, révélant entre autres que plus de 700 cas de violences domestiques commises par des policiers enregistrés sur une période de trois ans. En France, l’ONG Disclose a mené une enquête et identifie 429 victimes de violences sexuelles commises par des policiers.

Des policiers dont le rapport au monde est façonné par le virilisme peuvent évidemment être violents à la maison autant qu’au travail. La police est caractérisée par son rapport permanent de soumission de l’autre qui est légitimé. La violence qui a tué Marvin, Camila, Michael, Nzoy, Mike, Lamin et Hervé a les mêmes racines que celle qui a tué Eli, Coralie, Alyssia,  Madyson et Chelsey.

Les autorités vaudoises essaient de nous faire croire que cette série de meurtres serait le fait de quelques individus et qu’il suffirait d’écarter pour résoudre le problème. Il est donc crucial de rappeler que la police est l’institution dont le rôle même est de maintenir les structures de pouvoir de la société. Elle ne peut donc qu’être structurellement raciste et sexiste.

Lutter contre les violences sexistes, c’est lutter contre le système qui rend possible ces violences!!

Justice pour toutes les victimes de violences policières

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Communiqué

Quand la police tue – Justice pour Camila

Le 1er juillet 2025, Camila, une jeune fille de 14 ans meurt à Lausanne après que la police l’ait poursuivie, elle et un autre adolescent, sur un scooter.
 La police parle d’une «tentative de contrôle», mais ce qui s’est passé est une escalade mortelle de la violence étatique. Une jeune vie a été anéantie parce que deux adolescent.es ont refusé de se soumettre à la police.

Camila venait de finir son année au Collège de Béthusy à Lausanne, elle voulait célébrer le début des vacances d’été. Son père la décrit comme une fille douce et calme. Elle était joueuse de football au FC concordia qui a écrit sur sa page Facebook: “Camila, ton sourire, ta gentillesse, ton énergie et ta passion pour le jeu illuminaient chacun de tes entraînements, chacun de tes matchs. Tu étais plus qu’une joueuse : tu étais une amie, une coéquipière, une étoile parmi nous.”

La violence policière n’est pas une erreur du système. Elle en fait partie intégrante.

Nous voyons sans cesse la police agir avec une brutalité implacable lorsque des personnes tentent d’échapper à son contrôle. Celleux qui fuient sont pourchasséexs. Celleux qui ne se soumettent pas sont contraintexs de le faire. Même s’il s’agit d’enfants. Même si cela se termine par la mort. Cette forme de démonstration de pouvoir n’est pas un « cas isolé », mais l’expression d’un appareil violent qui a appris qu’il peut tout se permettre.

La violence policière fonctionne selon une logique patriarcale.

Tout comme les agresseurs patriarcaux tentent d’imposer leur contrôle dans une relation par la violence, la police agit de la même manière : elle veut l’obéissance. Elle veut la soumission. Et elle utilise la peur, l’intimidation et la punition comme moyens de maintenir cet ordre. La violence policière n’est pas une violence neutre. Elle vise systématiquement certaines personnes : les jeunes, les personnes racisées, les migrantexs, les personnes pauvres – et, encore et toujours, les femmes, les filles et les personnes genderqueer.

L’impunité garantit le maintien des rapports de force.

Lorsque des hommes tuent des femmes, leur acte est souvent relativisé par la justice, les médias et la société. Lorsque la police tue, il en va de même. L’État protège ses agresseurs. La violence reste ainsi possible – et normale. Ce que nous vivons n’est pas une exception, mais la conséquence d’une impunité systématiquement organisée.

Cette violence n’est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence d’un ordre autoritaire et patriarcal qui privilégie le contrôle à la vie.
 En 2018, la police a tué Mike Ben Peter à Lausanne. Le même policier qui avait participé à cette intervention en 2018 a poursuivi une jeune fille de 14 ans dans les rues en sachant qu’elle risquait de mourir. Les policiers impliqués dans le meurtre de Mike Ben Peter ont été acquittés par le tribunal à l’époque. Le 25 mai dernier, c’est Michael Kenechukwu Ekemezie, un jeune nigérien qui a été tué par la police Lausannoise pendant une interpellation. Le 19 mars 2021, c’est Evangelista Mañón Moreno (Eli) qui a été assasinée par son compagnon qui était lui aussi flic dans la police de Lausanne. Il a tué Eli avec son arme de service.

La violence policière et la violence patriarcale ne sont pas distinctes, elles sont structurellement liées.

Toutes deux fonctionnent par le contrôle, l’intimidation et la peur. Toutes deux sont rarement poursuivies de manière cohérente. Toutes deux tuent. Lorsque nous parlons de féminicides, nous devons également parler de la police.
Car un système qui protège les auteurs de crimes ne peut être réformé. Il doit être combattu.

Nous souhaitons beaucoup de courage à toutes les personnes qui pleurent la mort de cette jeune fille !

Pour la jeune fille de Lausanne. Pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu la vie à cause de la police et du patriarcat.

Nous n’oublions pas. Nous ne pardonnons pas. Nous continuons à nous battre.

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Communiqué

Tentatives de fémincides

Le 5 juillet, la Suisse comptait déjà 19 féminicides depuis le début de l’année 2025, un meurtre tous les 10 jours. Et ce chiffre hallucinant ne reflète qu’une petite partie des violences exercées.
Début juillet, la presse alémanique a rapporté deux tentatives de féminicide :Le 1er juillet, à Brittnau (AG), une femme de 47 ans a été attaquée au couteau par son ex-compagnon alors qu’elle se promenait. La nuit suivante, à Oberägeri (ZG), une femme de 43 ans a été grièvement blessée par son mari à leur domicile, sous les yeux de leur enfant. Nos pensées vont aux survivantes de ces violences. Nous leur exprimons toute notre solidarité et notre soutien.
La violence patriarcale n’est pas un fait divers. C’est une réalité systémique, enracinée dans notre société, qui tue et détruit des vies chaque semaine. Elle n’a rien d’invisible : elle est connue, dénoncée, documentée.
Les professionnel·le·s et associations engagées sur le terrain alertent depuis des années. Elles manquent cruellement de moyens pour répondre à l’urgence : les places en refuge sont insuffisantes, les structures d’écoute débordées, les victimes laissées seules, et la prévention quasi inexistante. La Suisse compte quatre fois moins de places d’hébergement d’urgence que le minimum recommandé par la Convention d’Istanbul.
Nous ne voulons pas normaliser cette violence. Nous refusons de détourner les yeux.
Il est temps d’agir, collectivement. Écouter, soutenir, protéger. Et exiger des moyens concrets pour que plus jamais de féminicides ou tentatives de féminicides ne se produisent.

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Autodéfense Communiqué International

Liberté pour Maja!

Le 21 février, une délégation d’Offensive contre les féminicides a assisté au premier jour du procès de Maja, un.e militant.e antifasciste non binaire, qui a eu lieu à Budapest. Maja est accusé.e de s’être rendu.e à Budapest lors de la «Journée de l’honneur » (une des plus grandes marches néonazies annuelles) et d’avoir, avec d’autres antifascistes, attaqué des nazis. Plus de 10 personnes ont déjà été détenues dans cette affaire. Il y a environ un an, Maja a été arrêté.e en Allemagne et extradé.e illégalement vers la Hongrie. Bien que même la Cour constitutionnelle allemande ait constaté que les conditions de détention de Maja en tant que personne non binaire devaient être examinées au préalable et qu’une violation des droits humains devait être évitée, Maja a été extradé.e illégalement lors d’une opération nocturne. Depuis 8 mois, Maja est détenu.e à l’isolement, n’a pas le droit d’avoir de contact avec d’autres détenus et fait état de la présence de vermine dans sa cellule et de nourriture moisie.

Le ministère public a proposé à Maja un accord: en cas d’aveux, ils pourraient prononcer une peine de 14 ans, sinon Maja risquerait jusqu’à 24 ans de prison. Maja a refusé cet accord et a lu à la place une déclaration très forte. Dans cette déclaration, Maja a parlé de son identité queer et a montré comment l’Etat hongrois l’invisibilise et la déshumanise. Nous avons été très touché.es de voir à quel point Maja fait preuve d’une force énorme etcomment ses mots ont rempli de courage toute l’audience.

Nous considérons qu’il est de notre devoir, dans la lutte contre les féminicides, de suivre ce cas, en particulier en raison de la répression qui s’abat sur l’autodéfense antipatriarcale, et c’est pourquoi nous voulions montrer notre solidarité lors du procès. Car l’attaque contre les néonazis n’est rien d’autre que de l’autodéfense antipatriarcale. Nous ressentons partout dans le monde la menace que la politique et la violence de droite font peser sur les femmes et les personnes queer. L’opinion sociale considère le plus souvent que les corps des femmes, les corps queer et les corps noirs n’ont pas le droit d’être protégés et surtout de se défendre. Mais nous défendrons ce droit ! Les soi-disant victimes dans cette affaire sont des néonazis violents et nous savons que nous ne pouvons pas les combattre avec des demandes ou des discussions. Nous sommes réellement menacé.es par leur violence contre laquelle nous nous défendrons.

Nous ne nous soucions pas de savoir si Maja a commis ces actes ou non. Ils sont légitimes et nous demandons donc la fin de l’isolement de Maja et son rapatriement en Allemagne. Nous souhaitons également à la famille et aux proches de Maja tout le meilleur et beaucoup de force pour traverser cette période difficile! Voir votre solidarité dans la salle d’audience était magnifique!
En outre, nous appelons tout le monde à faire preuve de solidarité et à attirer l’attention sur ce cas. Écrivez des lettres à Maja et à toutes les autres personnes accusées dans cette affaire (pour cela, vous pouvez simplement envoyer un e-mail avec le texte à solibriefe-budapest@systemli.org. C’est possible d’écrire en allemand ou en anglais ou d’envoyer un dessin). En écrivant, nous pouvons rompre l’isolement!
Enfin, nous te souhaitons tout le meilleur Maja! Nous te souhaitons la liberté et tant que tu seras derrière les barreaux, nous porterons toujours ton combat avec nous.

Liberté pour tou.tes les antifas!

L’autodéfense antipatriarcale est légitime!

Plus d’infos en allemand sur: https://www.basc.news/briefe-in-den-knast/

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Communiqué

Une femme a tué son mari à Bâle le 27 janvier. Certaines personnes se demandent peut-être pourquoi nous reportons les féminicides et pas les meurtres d’hommes par leur conjointe.

Une femme a tué son mari à Bâle le 27 janvier. Certaines personnes se demandent peut-être pourquoi nous reportons les féminicides et pas les meurtres d’hommes par leur conjointe. Car en effet, même si la grande majorité des meurtres au sein du couple sont commis par des hommes, dans certains cas c’est la femme qui tue son conjoint.


Les caractéristiques de ces meurtres sont pourtant complètement différentes. Les homicides conjugaux commis par des hommes sont des crimes d’appropriation tandis que ceux commis par des femmes répondent à une stratégie de protection. Les hommes tuent par possessivité, par peur de perdre leur conjointe alors que les femmes tuent dans la majorité des cas pour se défendre d’un partenaire violent. Les cas de Valérie Bacot et d’Alexandra Richard en France ont récemment relancé le débat sur la légitime défense dans le cadre de violences conjugales. Ces deux femmes ont tué leur conjoint qui était leur tortionnaire. Au terme d’un procès très médiatisé et grâce a une mobilisation intense des organisations féministes, le syndrome de la femme battue a été reconnu comme une circonstance atténuante pour Valérie Bacot. Ce syndrome caractérise l’emprise et explique pourquoi les personnes qui vivent des violences répétées ne sont pas toujours en mesure de se sauver d’une situation de terreur. Cela justifie dans le droit qu’une personne agisse pour se défendre, même de manière différée, c’est à dire pas forcement en réponse instantanée à un acte de violence. Valérie Bacot a été reconnue coupable et condamnée à 4 ans de prison alors qu’elle encourait la perpétuité. Alexandra Richard a quant à elle été condamnée en appel à 10 ans de prison, la cour ayant jugé que la légitime défense ne pouvait pas être retenue.


On ne connaît pas l’histoire de la femme qui a tué son conjoint à Bâle mais on sait qu’il est probable qu’elle l’ait fait pour se défendre. Si tel est le cas on voudrait lui assurer qu’elle a notre entier soutien. En tant que collectif qui lutte contre les féminicides, nous nous mobilisons également pour soutenir le droit légitime à l’autodéfense sous toutes ses formes.

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Action Communiqué Féminicide

Rassemblement à Bienne après le 1er féminicide en 2025

Prise de parole pendant le rassemblement
Lorsque j’ai appris hier qu’encore une fois une sœur a été assassinée, j’ai été submergée de tristesse. Je me suis sentie paralysée, dépassée, perdue… Ma tête était envahie de pensées… A chaque féminicide, je me demande « Comment cela peut-il arriver – encore et encore ? Quelle absence de valeur ont nos vies ? »
Dans cette tristesse, j’ai aussi trouvé ma colère et les réponses à ces questions que nous connaissons probablement touxtes. Nous vivons dans un système qui dévalorise nos vies. Dès notre plus jeune âge, on apprend que nos voix n’ont pas de poids, que nos corps appartiennent aux autres, que « l’amour fait mal », que la violence est un acte d’amour, qu’une femme assassinée ne mérite pas que des voix s’élèvent.

Les journaux parlent de « dispute conjugale qui dégénère », les hommes – auteurs de violences – sont acquittés sous prétexte qu’ils auraient agi par désespoir ou sous le coup de l’émotion, sans savoir ce qu’ils faisaient. Le système et ceux qui ont le pouvoir ne sont pas de notre côté, car eux aussi exploitent nos corps et ceux de nos sœurs et adelphes.
Quelque chose m’obsède quand je pense à cette femme assassinée. Je ne peux pas m’empêcher de penser que sa mort aurait pu être évitée. La police de Bienne est actuellement connue pour son attitude irresponsable et violente envers les victimes. Les personnes qui appellent lors de violences domestiques attendent plus longtemps les policiers qu’une personne qui appelle pour de simples nuisances sonores. Les femmes qui dénoncent des agressions se voient refuser le droit de lire le procès-verbal et de l’approuver – les policiers trouvant ça « superflu ». Nous ne savons donc pas ce qu’ils écrivent, ni ce qui reste dans leur dossier et nous avons encore moins de chances d’obtenir justice dans ce système.
La police ne nous aide presque jamais, car son système est contre nous et à Bienne, ils nous refusent même la possibilité de punir les multirécidivistes. La police a notre sang sur les mains. Mais nous nous défendrons.
Le patriarcat assassine, mais nous nous voulons vivantes et pas une de moins.
Rassemblons-nous dans la tristesse, transformons notre tristesse en colère et notre colère en résistance. Ensemble, nous avons de la force.
Aux personnes qui doutent de l’importance de se rassembler alors qu’on a pour l’instant pas de preuves qu’il s’agisse d’un fémincide, on voudrait répondre qu’au vu de la manière de communiquer de la police, tout porte à croire qu’il s’agit d’une mort violente. Selon les statistiques en Suisse la majorité des meurtres de femmes sont des féminicides et cela n’est prouvé que plus tard via une enquête. Ce timing provoque une certaine invibilisation des féminicides et donc la possibilité de dénoncer publiquement des agissements intolérables. Il est de notre devoir d’empêcher l’oubli et la banalisation de toutes formes de violences faites aux femmes et aux personnes queers et c’est pour ça qu’on était dans la rue hier!
Quand l’unex de nous est touchée, nous sommes toutexs concernées!

https://web.telebielingue.ch/fr/emissions/info/2025-01-20

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Communiqué International

Une coalition d’une trentaine de collectifs suisses affichent leur soutien au luttes féministes en Autriche

Six camarades ont été arrêté-es en Autriche et inculpé-es d’organisation criminelle pour avoir prétendument coloré les murs des bureaux des partis au pouvoir le FPÖ et le ÖVP.

“Ni una menos”, “Mur des féminicides” ou “Notre colère sur vos murs” font partie des messages laissés sur les murs en réponse aux féminicides survenus en Autriche ces derniers mois. Comme partout ailleurs, la violence patriarcale est un danger mortel pour les femmes et les personnes queer dans la société autrichienne. En février de cette année, cinq féminicides ont été commis en une seule journée. En 2023, 42 féminicides ont été reportés en Autriche. En 2024, déjà 21 femmes ont déjà été arrachées à la vie par des féminicides. Chacune d’entre elles devrait encore être avec nous!

Nous, les organisations soussignées, déclarons notre solidarité totale avec les six camarades sont victimes de répression sous forme de perquisitions, de menaces avec des armes à feu lourdes et d’arrestations. Ces attaques s’inscrivent dans une longue tradition de répression et d’intimidation de la part de l’État à l’encontre des personnes qui se battent pour la justice sociale, la solidarité et contre les inégalités.

Ce qui s’est passé à Innsbruck montre une fois de plus comment les personnes qui s’expriment de manière critique vis-à-vis des structures de pouvoir existantes sont criminalisées. Les perquisitions, les arrestations et la confiscation d’objets personnels ne sont pas seulement une attaque contre les individus concernés, mais aussi contre toutes les personnes qui s’engagent pour une société plus juste et plus solidaire.

Sur ordre du parquet d’Innsbruck, des unités spéciales masquées et lourdement armées ont effectué des perquisitions dans plusieurs appartements ainsi que dans le local de gauche « Il Corvo ». Lors de l’intervention, des personnes ont été menacées par des armes lourdes, des chiens renifleurs ont été utilisés, toutes les portes des appartements ont été forcées et celles des chambres qui étaient fermées ont été enfoncées. L’ensemble de l’intervention a été documenté en vidéo.

L’État autrichien déploye une telle violence pour s’attaquer à de la peinture sur des bâtiments qui rend visible l’épidémie totalement ignorée de violence patriarcale et de féminicides. La peinture sur les murs n’a pas blessé ou menacé une seule personne, au contraire, elle attire l’attention sur la violence quotidienne contre les femmes et les personnes queer. Et l’attention du public est absolument nécessaire si nous voulons empêcher d’autres féminicides! L’État, quant à lui, exerce une violence directe et une répression contre les activistes, au lieu de consacrer des moyens et des ressources à la prévention de la violence et des féminicides. A cet égard, nous considérons que la réaction disproportionnée de la police face aux actions contre les féminicides sont aussi l’expression de la peur, car le gouvernement autrichien sait qu’il est coresponsable de chacun de ces féminicides. Chaque jour ou le gouvernement continue de maintenir en place un système de domination patriarcal, il se rend coupable de fémincide. Résister à ce système par tous les moyens qui sont à notre disposition est légitime et nécessaire.

L’histoire des mouvements (queer)féministes montre que l’État exerce une forte répression contre les personnes qui luttent pour un monde sans violence. Mais l’histoire montre aussi l’importance d’être uni-es pour s’opposer à cette violence. À une époque où les injustices sociales et les crises écologiques s’aggravent, il est essentiel que nous ne nous laissions pas intimider par la répression étatique. Nous nous tenons côte à côte avec les camarades concerné-es et ne nous laissons pas diviser ou réduire au silence par ces attaques. Notre lutte commune contre la violence patriarcale, l’exploitation, l’oppression et les politiques arbitraires de l’État continuera.

Nous exigeons l’arrêt immédiat de toutes les enquêtes contre les militant-es concerné-es, ainsi que la restitution de tous les objets confisqués. En outre, nous condamnons la répression systématique qui vise les mouvements sociaux, les activistes et les personnes qui s’expriment de manière critique vis-à-vis de l’État.

Les années passées ont montré que les gouvernements et les États ne contribuent pas volontairement à mettre fin au système patriarcal. Au vu des chiffres élevés des féminicides et de la violence patriarcale, nous ne pouvons pas nous contenter de demander gentiment, nous devons lutter ensemble pour un monde féministe. Nous appellons toutes les organisations sociales et démocratiques à se mobiliser et faire entendre leur voix contre cette criminalisation sans précédent du mouvement féministe en Autriche.

En solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent pour un monde meilleur!

Signataires

– Collectif féministe Valais

– Feministisches Streikkollektiv Zürich

– Migrant Solidarity Network

– Offensive gegen Feminizide/ Offensive contres les féminicides

– Ni una menos-Kollektiv Zürich

– Solidarisches Bündnis Bern

– Megafon

– Berns revolutionäre Jugend

– NoWef Winterquartier Bern

– frau-kunst-politik e.V. München

– Nous Serons Le Feu

– Bewegung für den Sozialismus Zürich

– Ni una menos Basel

– AKuT 

– Feministisches Kollektiv Thun-Berner Oberland

– Fédération Libertaire des Montagnes

– Grève du Climat Neuchâtel

– Klimastreik Bern

– Projet Evasion

– Verein Klimaprozesse (Bern)

– Bewegungsfreiheit für alle!

– Queers for Palestine Bern

– JUSO Schweiz

– Bibliothèque éco-féministe de Bienne, La Bise

– Orghan

– Feministischer Salon Schaffhausen

– Sex Workers Collective

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Communiqué

Les victimes de violences sexuelles précarisées ne peuvent pas compter sur la justice suisse.

Le jugement d’un couple qui a attiré pendant plusieurs années des migrantes par le biais d’annonces au pair pour finalement les enfermer et abuser d’elles dans des conditions épouvantables a été prononcé aujourd’hui à Andelfingen. L’homme avait déjà été condamné en 2014 à une peine de 24 mois de prison avec sursis pour mise en danger de la vie d’autrui et contrainte. Il avait ensuite suivi une thérapie sexuelle ordonnée et obtenu un crédit qui estimait que le risque de récidive était faible. Il avait attiré les femmes sur Internet en leur proposant du travail. L’une d’entre elles a déclaré qu’elle se trouvait dans une situation d’urgence et qu’elle avait besoin d’un travail pour obtenir son permis de séjour. Elle a signé un contrat de travail et il l’a fait patienter pendant des mois avec des documents falsifiés. Elle a été enfermée, surveillée jour et nuit par une caméra et devait faire tout ce qu’on lui demandait. Elle avait également accueilli des invités du couple. Une fois de plus, nous devons constater qu’une femme a été abusée et violée pendant des mois et que personne n’a rien remarqué. Ce qui est particulièrement choquant, c’est qu’après que l’intéressée ait pris la fuite et porté plainte, l’homme a reçu un avertissement selon lequel la police allait le contrôler. On ne sait pas d’où. Deux mois s’écoulent entre la plainte et la perquisition, la police trouve une autre femme, enfermée dans une cage. Cela aurait pu être évité si la police avait pris au sérieux les déclarations des personnes concernées. C’est aussi la complicité de l’Etat suisse qui a permis d’exploiter la détresse des migrants* de cette manière. Si l’expulsion menace à tout moment, il n’est pas étonnant que les personnes n’osent que tardivement, voire jamais, élever la voix lorsqu’elles sont victimes d’un tel acte. Il est probable que l’auteur n’ait pas à craindre une peine trop lourde en raison de ses aveux complets. Ce cas montre clairement que les victimes de violences sexuelles précarisées ne peuvent pas du tout compter sur la justice suisse. Cela nous attriste et nos pensées ne vont pas aujourd’hui à l’agresseur mais aux personnes concernées. Nous leur souhaitons de tout cœur le meilleur et espérons qu’ensemble, nous parviendrons à changer le monde pour que plus jamais personne ne doive supporter cette violence.