Le 15 janvier passé, Christophe Moreau a été arrêté par la police et placé en détention provisoire à Porrentruy. Les fans de cyclisme le connaissent notamment pour avoir fini en 4ème place du Tour de France en 2000. Il y a deux semaines, il a menacé de tuer son ex-partenaire et ses deux filles.
En 2019, la police jurassienne a ignoré les nombreux appels à l’aide de la part de Mélanie et de son entourage. Mélanie a été tuée par son ex-partenaire le 21 octobre 2019 à Courfaivre. Par la suite, l’Association Mél a vu le jour pour amener au grand jour la question des violences faites au femmes et des féminicides.
La réaction rapide et décidée de la part de la police et de la justice jurassienne est peut-être due au fait que l’ex-partenaire de Christophe Moreau est une personnalité influente et connue dans le canton de Jura, mais l’engagement de l’Association Mel a sans doute joué un rôle important aussi.
Nous souhaitons que la société toute entière nous défende, plutôt que de devoir faire appel à la police et à la justice, mais en attendant que cela soit le cas, nous saluons le signal envoyé par les autorités jurassiennes à tous les hommes violents.
La police et la justice sont des instances qui, historiquement, ont été mis en place pour défendre un ordre dans lequel certaines catégories de personnes détiennent le pouvoir au détriment des autres. Ces dernières ont logiquement peu de chances à être entendues quand elles font appel à la police ou à la justice. De plus, la soumission des « femmes » étant nécessaire au bon fonctionnement du système que défendent la police et la justice, ces deux instances ne sont, en fin de compte, pas là pour garantir nos droits et notre bien-être.
Apprenons à nous défendre nous-mêmes. Soyons solidaires entre nous et condamnons fermement et publiquement chaque acte de violence. Pour qu’un jour, nous n’ayons plus besoin d’autres personnes pour défendre notre vie et notre liberté !
Nos pères, nos frères, nos amis – Un livre à ne pas lire
Le sous-titre « Dans la tête des hommes violents » dit déjà tout, pourtant j’avais l’espoir de trouver un peu plus qu’un simple récit de ce qui peut bien se passer dans la tête d’un homme qui exerce de la violence sur une femme (oui, oui, le livre est aussi binaire que cela). L’auteur étant un journaliste, il maîtrise bien le story-telling et tout à coup je me retrouve captivée par ce livre. Pourtant, à chaque fois que je le pose, je me sens mal à l’aise et plus nous avançons dans la lecture, plus nous commençons à avoir des doutes si je ne suis pas en train de perdre mon temps. Je tiens bon et arrivée à la dernière page, je conclus : effectivement, ce livre ne vaut pas la peine d’être lu, à moins que vous soyez masochiste. Les noooombreux récits du point de vue des « hommes violents » contraignent la lectrice à ressentir une empathie que je ne veux pas avoir et pour une personne ayant été confrontée à la violence masculine, ce livre est simplement douloureux à lire. Ces manières de justifier la violence et de donner la responsabilité à « la femme », je les ai entendues de vive voix – et chaque fois était une de trop. Mais peut-être que l’auteur du livre a tout simplement compris que c’est beaucoup plus vendeur quand ce sont des hommes qui parlent… même si la teneur en information de ce qu’ils disent est proche de zéro.
Pour vous éviter de devoir passer par le même déplaisir de lecture, voici ce livre en résumé : l’auteur commence à s’intéresser à la question de la violence masculine, intègre des groupes de parole d’hommes violents et nous retranscrit leurs paroles sur 200 pages. Le tout ponctué de deux extraits de livres de Virginie Despentes (enfin, je respire un peu !) et de l’avis de quelques psychologues et expert-es, qui nous expliquent que les hommes sont violents et les femmes provoquent cette violence et la subissent sans jamais partir, car elles et ils ont été contaminé-es par la violence dans leur enfance. L’auteur donne également la parole à une psychanalyste qui nous raconte que si elle doit faire une expertise d’un homme violent, elle demande à rencontrer sa mère car « il y a souvent un rapport incestueux » (si vous aviez encore besoin d’une preuve que la psychanalyse, c’est vraiment la merde, en voici une !) Après nous avoir infligé tant de récits détaillés de violences insupportables et des excuses lamentables et misogynes que les mecs se racontent, l’auteur arrive à la conclusion que cette « épidémie » de violence n’a pas d’autre solution que de mieux éduquer les enfants.
En gros, le seul moment où ce livre touche un peu le puck, c’est quand l’auteur décrit son étonnement face à la réalisation que les hommes violents ne sont pas des monstres mais « nos pères, nos frères, nos amis ». Étant donné que cette information-là se trouve déjà dans le titre, épargnez-vous le reste de la lecture de ce livre !
Si maintenant vous vous demandez quel est notre position et de quel point de vue nous jugeons ce livre : donner autant de la place à la parole des hommes violents et à leurs justifications sans les remettre en question et de mettre autant en avant la (co-)responsabilité des femmes fait fortement penser au mouvement masculiniste qui essaie de camoufler la partie structurelle des violences sexistes en noyant le poisson dans une mer de larmes d’hommes. Pour nous ce n’est pas acceptable.
Au lieu de nous dire de mieux éduquer les enfants, l’auteur de ce livre aurait bien fait de questionner les socialisations menant à des comportements violents d’un côté et autodestructeurs de l’autre, de pointer du doigt les fondements économiques et culturels de la dépendance à l’autre et de l’impossibilité de partir d’une situation violente et de tout simplement dire qu’il est inacceptable d’exercer de la violence sur d’autres et que c’est de la responsabilité de l’auteur de violence de trouver une solution pour ne plus être violent.
Luttons contre la police, l’État et le patriarcat : solidarité avec toutes les personnes concernées par la violence policière.
Le 25 novembre, des femmes, des personnes trans, inter, non-binaires, agenres et queer sont descenduexs dans les rues du monde entier pour protester contre la violence patriarcale.
A Bâle, la police a tenté d’empêcher la manifestation dès le début, l’a attaquée avec des gaz lacrymogènes et des tirs de LBD. Après la manifestation, plusieurs manifestantes ont été arrêtées et ont à nouveau subi des violences policières.
Par son action, la police montre une fois de plus de quel côté elle se trouve : du côté de la violence, du côté du patriarcat, du côté du système dominant sexiste, queerphobe, raciste et capitaliste.
Cette violence policière à Bâle contre les femmes et les queers n’est pas un cas isolé. Elle n’est pas non plus le fruit du hasard. La police, l’armée et les États répressifs exercent actuellement partout dans le monde une violence à l’encontre des luttes émancipatrices et révolutionnaires.
Cette violence est profondément ancrée dans notre système actuel : il n’y a pas de police ni de policier* dans le monde qui ne (re)produise pas quotidiennement la violence patriarcale et raciste. Car la police ne protège pas les gens, elle ne protège pas les groupes marginalisés et opprimés. La police protège l’ordre dominant blanc, cis-masculin et hétéro. La police est une partie essentielle du patriarcat. Une résistance sans limite à la violence patriarcale signifie donc aussi combattre la police et l’État.
Nous sommes solidaires de toutes les personnes concernées par les violences policières et autres violences d’État. C’est pourquoi nous avons accroché aujourd’hui une banderole devant le poste de police à Bienne. Nos pensées vont à nos camarades à Bâle, mais aussi à nos camarades d’Iran, du Kurdistan et d’autres luttes dans le monde qui résistent quotidiennement à la violence patriarcale. Transformons nous aussi notre colère en force combative et solidaire.
Ensemble contre la police, l’État et le patriarcat !
Parce que la transphobie et la misogynie tuent. Parce que ces meurtres sont le produit d’une violence structurelle dirigée contre les personnes trans et de diverses identités de genre. Le système hétéro-patriarcal instaure une hiérarchie entre les sexes, où le masculin l’emporte sur le féminin, et où l’hétérosexualité est la norme dominante. Les personnes qui ne rentrent pas dans ces catégories représentent une menace pour ce système dominant. L’histoire de la transphobie est intimement liée au colonialisme et à l’imposition d’une norme qui justifie des relations exploitatives. De nombreuses cultures à travers le monde ont reconnu et célébré la diversité de genre. Les personnes trans étaient “Mudoko dako” en Uganda, “les êtres aux deux esprits” pour les autochtones d’Amérique, les “Muxes” à Oaxaca. Dans certains endroits, ces cultures on survécu à la brutalité du colonialisme et à l’avènement du capitalisme.
Si le système capitaliste mène une véritable guerre contre les personnes trans, les personnes trans sont en premier plan dans la lutte contre toutes les formes d’opression.
Marsha P. Johnson, une femme trans noire et travailleuse du sexe est sans doute la plus connue. Elle a participé aux émeutes de Stonewall qui ont marqué l’émergence d’un mouvement de lutte LGBTQI+. Elle a également entre autres cofondé le “Street Transvestite Action Revolutionaries” pour héberger de jeunes sans abris de la communauté LBGTQI+. Son corps est retrouvé dans une rivière. La police conclu a un suicide mais ses proches dénoncent un meurtre.
Malte C. est un homme trans, un héro qui est mort en défendant deux personnes attaquées lors d’une pride à Münster en Allemagne en septembre 2022. Il avait 25 ans.
Hande Kader est une femme trans, une militante connue pour avoir affronté la police après que le gouvernement ait interdit la marche des fiertés a Istanbul. Elle a été assassinée, elle avait 23 ans.
Sangeetha est une femme trans, une membre de l’association pour les personnes transgenres. Elle avait créé une cantine communautaire pour soutenir les personnes trans ayant perdu leur revenu pendant la crise du COVID. Elle a été assassinée en Inde en octobre 2020, elle avait 60 ans.
Ivana Macedo Silva est une femme trans, membre de la communauté LGBTQI+. Elle était styliste en France dans les Hauts-de-Seine. Elle a été assassinée en septembre 2021.
Naomi Hersi est une femme trans, une londonienne décrite comme une personne douce et de confiance. Elle a été assassinée en mars 2018, elle avait 36 ans.
Ambre Audrey Istiere est une femme trans, habitante de Montalieu-Vercieu en France. Elle a été tuée en juin 2021. Elle avait 49 ans.
Essi Granlund est une femme trans de Finlande. Elle a été poignardée à mort en juin 2020. Elle avait 26 ans.
Samuel Hoffmann est un homme trans. Habitant de Billesholm en Suède. Il a été assassiné en février 2022. Son age n’est pas connu.
Nous n’oublions pas leurs histoires, se souvenir veut dire lutter.
Les féministes, les activistes trans et de diverses identités de genre sont uniexs dans la lutte pour renverser l’ordre capitaliste, pour construire une vie libre.
Les deux militantexs LGBTQ+, Zahra (Sareh) Sedighi Hamedani, 31 ans, et Elham Chubdar, 24 ans, ont été condamnéxes à mort en Iran.
Hamedani et Chubdar ont été condamnéxes pour « propagation de la corruption sur terre ». Les personnes LGBTQ+ sont confrontées à de graves discriminations et beaucoup de violence dans la société iranienne. Ici aussi, les droits des personnes LGBTQ+ sont régulièrement attaqués. Contre la haine homophobe, transphobe et queerphobe, il faut une solidarité internationale !
Maintenant, c’est de notre solidarité internationale dont il y a besoin ! Nos deux adelphes doivent être libéréexs immédiatement. Nous devons faire pression sur l’opinion publique pour faire annuler ce jugement.
La solidarité ne peut être arrêtée par aucune frontière. Nous répondons à l’oppression de l’État, du capital et du patriarcat par une solidarité sociale pratique venant d’en bas. Nous répondons par des luttes collectives et la communauté. Contre la colonisation de nos corps ! Tant que toute forme de prison ne sera pas détruite, aucun d’entre nous ne sera libre !
Une femme de 31 ans à été assasinée à Renens (VD) le 25 juillet dernier par un homme qui était apparement son partenaire. Nous souhaitons beaucoup de force et de courage à ses proches. Sachez que nous sommes à vos côtés. Les féminicides ne sont pas des faits divers! Une féminicide est perpetré en Suisse toutes les 2 semaines en moyenne. Il s’agit d’une véritable guerre contre toutes les personnes identifiées comme femmes. La grande majorité de ces violences sont commises par des personnes que l’on connait, bien loin des clichés des agresseurs inconnus. Nous refusons de faire de cette violence une fatalité. Ensembles nous sommes fortexs et pouvons lutter. Contre les violences machistes, autodéfense féministe!
Aujourd’hui, nous avons organisé une manifestation devant le siège de la Croix Rouge à Zollikofen pour attirer l’attention sur l’absence de réaction et de prise de responsabilité suite au féminicide de Jamilia, survenu le 24 avril 2022 à Büren an der Aare, dans un centre d’asile de la Croix-Rouge.
Un groupe s’est rassemblé derrière une banderole ou il était écrit: « Violences patriarcales, la Croix-Rouge est responsable. Ni una menos ». Un autre groupe s’est immiscé dans les bureau de la Croix-Rouge et a fait irruption lors d’une réunion en lisant une liste de revendications. Des revendictions que nous avons d’abord portées par une lettre ouverte signée par plus de 30 collectifs mais que la Croix-Rouge s’obstine à ignorer.
Chères personnes présentes,
Le 24 avril, il y a exactement 4 mois, Jamilia a été tuée par son mari dans le camp d’asile de Büren an der Aare. C’est un féminicide et ce n’est pas un cas isolé. Il s’agit du 20e féminicide en un an et du 7ème en 2022 en Suisse. Ce féminicide a été perpétré dans une petite pièce du camp d’asile de Büren. Une pièce où les sept membres de la famille devaient dormir ensemble. Ce féminicide a pu être commis alors que les violences de l’homme étaient connues. Jamilia a fui l’Afghanistan et a été tuée ici, dans un camp d’asile ou elle s’était réfugiée. Ce camp est géré par la Croix-Rouge suisse et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui.
Cette nuit du 23 au 24 avril, ce sont les habitant-es du camp qui sont intervenu-es face à la violence de cet homme. Ce sont elles et eux qui ont tenté de défendre Jamilia et qui ont protégé les cinq enfants en les sortant de la pièce. Et ce sont ces mêmes personnes qui ont dû se rendre le soir même au poste de police pour faire des déclarations et donner leur ADN.
Environ un mois après le meurtre, la Croix-Rouge a envoyé une lettre de remerciement à la police. Il y est affirmé que les personnes résidentes du camp ont eu un sentiment de sécurité grâce à la police. Sans même parler des affirmations qui contredises ce que les personnes résidentes nous ont raconté, on peut se questionner sur la raison d’une telle lettre, s’agit-il de se protéger mutuellement des critiques ?
Pour de nombreuses personnes, la police n’est pas synonyme de sécurité, au contraire, elle est synonyme de danger. Dans de nombreux féminicides, la violence a été signalée à la police avant le meurtre, une plainte a souvent été déposée contre l’auteur, mais dans la plupart des cas, rien ne se passe. La police n’est pas une institution qui protège la population en général, c’est une institution qui maintient les rapports de domination.
Il y a environ un mois, nous avons envoyé une lettre ouverte à la Croix-Rouge, au service des migrations de Berne ainsi qu’à la police cantonale bernoise. La Croix-Rouge a refusé de nous répondre, c’est aussi pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour s’assurer que notre message soit entendu. Dans la lettre, nous avons énuméré des revendications qui doivent être mises en œuvre de toute urgence. La violence du système d’asile est structurelle, ce n’est pas la protection des personnes qui est au premier plan, mais la gestion la plus avantageuse et la moins coûteuse possible des personnes.
Les revendications mentionnées dans cette lettre pourraient être mises en œuvre en très peu de temps, ce sont des points pour lesquels ce n’est pas le temps ou les capacités qui constituent un obstacle, mais uniquement la volonté.
Nos demandes sont les suivantes :
La mise à disposition immédiate d’informations sur les offres de soutien externes et les points de contact en cas de violence patriarcale dans tous les centres d’hébergement et dans différentes langues.
Que soit mis en place un travail d’information systématique et régulier par des services spécialisés tels que Lantana, FIZ ou Brava.
L’élaboration d’un guide et de procédures en cas de violence patriarcale et de féminicides.
Que des informations sur le thème de la violence patriarcale soient disponibles dans les centres d’hébergements (au moins des affiches en différentes langues et des contacts avec des services spécialisés). Le matériel devrait être élaboré en concertation avec un service spécialisé.
La mise en place d’un bureau d’information externe pour les plaintes contre la direction des centres d’hébergements ou les employé·es.
Que la société civile (par ex. le groupe « Stop Isolation »), ait accès aux camps d’hébergements.
Nous attendons des mesures sérieuses pour renforcer la protection des femmes, des enfants, des personnes féminisées et de toutes les personnes en procédure d’asile.
Et ce faisant, nous sommes conscientexs que nous ne pourrons vivre en sécurité et en liberté que lorsque l’exploitation des êtres humains et de la nature aura pris fin dans le monde entier, lorsque le patriarcat, le racisme et le capitalisme auront été surmontés.
Le jeudi 18 août, un centre d’éducation pour filles soutenu par l’ONU a été bombardé par un drone turc. Quatre filles ont été tuées et onze blessées. Les noms des jeunes filles tombées sont Dîlan Ezedîn, Ranya Eta, Zozan Zêdan et Diyana Elo. Zarok bingeha jiyanê ne ! De la tristesse naît la colère, de la colère naît la résistance !
Cette attaque est un féminicide cruel. Elle s’ajoute aux nombreuses attaques de l’armée turque contre les mouvements de jeunes et de femmes qui sont au cœur de la révolution au Rojava. La Turquie mène une guerre cruelle contre la région autogérée du Rojava – le monde observe.
Les attaques contre les luttes antipatriarcales, contre les femmes, les filles et les personnes féminisées dans le monde entier nous concernent toutes. Car il ne s’agit pas seulement d’attaques contre des individus, mais elles font partie de la stratégie de maintien et d’extension de la domination patriarcale et capitaliste. Il s’agit de riposter avec détermination à cette attaque. Défendre la révolution au Rojava ! #NoFlyZone4Rojava